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Collection Imane Ayissi Couture Printemps – Été 2022 “Foufoullou”

FOUFOULLOU

« Foufoullou » signifie à la fois « mélangé » et « ensemble » dans la langue Ewondo du Cameroun. Ces mots racontent à la fois l’essence de mon travail, cette joie renouvelée de faire se rencontrer les cultures – mais aussi un rêve d’aujourd’hui. Ces deux dernières années nous ont tous éprouvés. Là, particulièrement au Cameroun, les peuples se divisent, ailleurs les tensions s’exacerbent. Partout dans le monde, les échanges et les revendications se durcissent. La Haute-Couture est une scène de théâtre où peut s’interroger l’air du temps mais aussi se célébrer l’harmonie rêvée.

C’est ainsi que j’ai choisi, cette saison, de faire se télescoper deux univers: celui du vêtement « slogan » et celui de la fête. Emprunté aux cultures textiles ouest-africaines, avec ses pagnes imprimés porteurs de sens comme à la culture du tee-shirt à messages ici appliqué à la Haute-Couture, le premier clame haut et fort la nécessité de se rassembler. Face aux grands défis de notre époque, ceux qui concernent
l’écologie ou l’actuelle pandémie, il est urgent de nous unir pour imaginer, ensemble, de nouvelles manières de vivre et pour définir de nouveaux biens communs. Etre ensemble, c’est aussi l’envie de se retrouver, de danser ensemble, après les confinements successifs qui nous ont tenu éloignés les uns des autres, avec la fermeture des lieux de culture et de festivités ou les restrictions liées à la pandémie
qui nous isole. Parce que la mode n’a ni douanes ni frontières, j’ai convoqué les fêtes traditionnelles d’Afrique centrale et de l’ouest, l’esprit des masques, leurs costumes en fibres de raphia, leurs profils prometteurs pour les faire danser à Paris sur la scène d’un Palace ré-inventé. Dans ce cérémonial pour ré-enchanter notre monde, entre rituel et parade, les paillettes flirtent avec les kenté du Ghana, les bazins teintés du Cameroun avec des soies aux couleurs électriques, la dentelle de calais vert acidulé
avec les teintures adire du Nigéria.

On retrouvera dans cette collection un jeu entre la générosité des coupes aux carrés, inspirées du boubou, l’ampleur et le volume associés à la prestance et au statut social en Afrique et l’énergie de la coupe occidentale, le tailoring et les coupes structurées qui redessinent le corps. Et comme toujours, le travail des artisans d’Afrique (les teinturiers du Nigéria, les tisserands du Ghana et du Cameroun, le raphia de Madagascar), l’excellence des fournisseurs français et italiens avec des soies (taffetas, satin, crêpe envers satin, crêpe fluide, organza) ou de la dentelle, l’authenticité des matières écologiques (un jersey fluide en bambou) et le travail à la main (les broderies ou le raphia appliqué, brin par brin) réalisé dans l’atelier d’Imane.

Imane Ayissi