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Tseundé
COLLECTION PRINTEMPS ETE 2021
Collection :
« Tseundé » signifie l’échange en langue Ewondo du Cameroun. Les échangent entre les différentes cultures et civilisations, les différentes parties du monde, caractérisent l’humanité. En cette époque où nous sommes justement privés de ces échanges pourtant vitaux, si ce n’est de manière virtuelle, j’ai voulu continuer à explorer les relations entre les différentes cultures et tout spécialement les cultures africaines et les cultures occidentales pour ce qui concerne la mode et l’apparence.
Quitte à replonger et à s’inspirer d’une période malheureuse, celle des 18ème et 19ème siècle et de l’intense colonisation du continent africain par les européens, quand le vêtement occidental savamment coupé, boutonné, recouvrant entièrement le corps, a tenté de remplacer la manière africaine, faite de drapés, de tissus parfois très ornementés, symboliques, mais simplement enroulés sur un corps libre, qui pouvait par ailleurs être entièrement visible. Ces nouvelles contraintes, imposées par les colons et inadaptées aux climats, à l’histoire, aux sociabilités des régions conquises, ont aussi généré des résistances, des métissages vestimentaires, donc de nouvelles créativités et de nouvelles apparences africaines.
Mais cette inspiration m’a conduit aussi à rêver à d’autres échanges plus harmonieux, plus équilibrés qui auraient pu avoir lieu entre ces deux zones culturelles et auraient pu donner naissance à des types de vêtements totalement nouveaux…
Cette collection est aussi une réflexion, qui s’impose dans le contexte actuel, sur l’industrie de la mode versus l’artisanat de la mode. La Haute Couture est justement la perpétuation d’un artisanat plus humain, adaptable, respectueux des individualités, quasiment sans gaspillage, mais qui a tendance aujourd’hui à se réserver à des vêtements d’exceptions, inabordables, voire importables. Si cette collection comprend, bien sûr, des silhouettes du soir, j’ai voulu aussi créer une Couture du jour, quotidienne, où des vêtements faciles et portables sont sublimés par le sur-mesure, des matières précieuses, une fabrication parfaite, et des techniques artisanales qui les rendent uniques. En particulier des techniques artisanales en provenance du continent africain, avec toujours de précieux Kenté du Ghana, tissés à la main, mais surtout des batiks du Ghana et du Nigeria, appelés Adire. A partir de tampons, de cire et de teinture, cette technique permet de créer des étoffes imprimées de dessins simples mais vibrants, avec une profondeur qu’autorisent rarement les techniques d’impression modernes.
Vidéo :
Le défilé est pour moi un rendez-vous important, un rituel qui rythme mon travail, mais surtout un moment humain, d’échange d’émotions, où les vibrations de l’audience comptent autant que le ballet des mannequins. Dans cette période où, par la force des choses, tout devient virtuel, digital, il était impensable pour moi de filmer un « faux » défilé, sans public. L’idée a donc été de faire une vidéo, avec un procédé simple, lisible, qui permet de découvrir les vêtements, mais en mouvement et d’essayer d’y insuffler de la vie par l’échange avec d’autres procédés artistiques. D’où une collaboration avec la compositrice et musicienne ivoirienne Manou Gallo qui a créé une pièce musicale, intitulée « La marche », spécialement pour cette collection. Une musique qui fusionne balafons traditionnels, électro, rock et funk et insuffle de l’énergie à cette performance entre mode musique et danse…
Imane Ayissi